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samedi 2 février 2008

« Yon Kafou bèl pou yon Ayiti vèt »

Pour la première fois de son histoire, la commune de Carrefour vient d'organiser son carnaval municipal avec le concours de toutes les autorités locales. Si les carnavaliers ont été nombreux, les grognes enregistrées jusque-là laissent penser que le parcours devrait être repensé lors des prochaines éditions
Les parents de Rose-Marie se souviendront longtemps encore de ce jeudi 31 janvier 2008. Date au cours de laquelle ils devaient rendre un dernier hommage à la défunte, partie pour l'orient éternel à la fin du mois de janvier écoulé. Malheureusement, les funérailles de Rose-Marie ont été fixées au dernier jour du mois de janvier, soit le jour même du lancement de la première édition du carnaval municipal de Carrefour réalisé autour du thème : « Yon Kafou bèl pou yon Ayiti vèt. »
Habitant Côte-Plage, un quartier de Carrefour, les proches de cette dame ont éprouvé toutes les peines du monde à enterrer la regrettée. Leur maison est située sur la rive droite en se rendant à Carrefour, alors que l'église où ont eu lieu les funérailles est de l'autre côté de la route. Pour y parvenir, il fallait traverser la Grand-Rue, artère retenue par les autorités municipales comme parcours principal de cet événement.« Nous avons été pris de cours. Nous n'avions pas été informés et ne savions pas que Carrefour organisait son carnaval cette année », raconte Jeanjean, neveu de la disparue.
Comme les autres membres de la famille ainsi que les parents et alliés, ce jeune d'une vingtaine d'année a dû utiliser des chemins découpés pour conduire Rose-Marie au cimetière de Bizoton, un autre quartier de cette commune.
Pour sa part, Carlens, 29 ans, a dû renvoyer à une date ultérieure sa cérémonie nuptiale. « Comme c'est de rêgle dans ma congrégation, j'avais retenu la date trois mois à l'avance. Notre église est située sur la route de Carrefour, ma fiancée et moi nous ne savions pas qu'on allait organiser le carnaval à Carrefour cette année », s'est plaint le futur marié qui est encore dans l'attente d'un second jour-J. « Nous voulions nous marier avant la Saint Valentin. Maintenant, nous sommes obligés malgré nous de revoir notre projet », a-t-il conclu, l'air déçu. De Carrefour vers le Grand SudA l'instar de cette famille éplorée et de ce futur couple dérouté, nombreux ont été les utilisateurs de la route de Carrefour à faire face, jeudi et vendredi, au fait accompli. La mairie de cette commune transversale a décidé de fermer la Route Nationale # 2 pendant les deux jours de 2 heures p.m. à 2 heures a.m. Au grand dam des riverains et des passants.
La route de Carrefour relie le département de l'Ouest à cinq autres départements. Elle dessert également plusieurs communes de l'Ouest. Pendant deux jours, selon un communiqué municipal, les riverains et utilisateurs de la route de Carrefour devaient passer par les rails, une route parallèle à la principale en construction depuis des lustres. Il a fallu plus de deux heures aux utilisateurs pour faire péniblement la traversée de Carrefour par la route des rails, alors que la majorité de la population active de cette commune a ses activités économiques au centre-ville de Port-au-Prince. Ceux qui disposent d'une voiture ont consommé sur place toute l'essence du réservoir alors que ceux qui n'en ont pas se sont contentés des services d'un taxi-moto ou ont dû faire la traversée à pied, longue par endroit d'au moins 6 km.

En dépit de toutes les difficultés causées par l'organisation du carnaval à Carrefour cette année, le premier citoyen de cette ommune persiste et signe. « Très souvent, dit-il, les gens prennent Carrefour pour une route. Carrefour n'est pas une simple route mais une ville de huit cent mille habitants. » « Comme les habitants des autres villes, les Carrefourois ont aussi le droit au loisir, à la propreté, à l'éducation, au travail et à la sécurité », a poursuivi Monsieur Yvon Jérôme. Interrogé sur le caractère transversal de la route de Carrefour qui relie la capitale à d'autres communes de l'Ouest et à quatre autres départements, le maire estime que l'Etat central devrait penser à construire une autre route en amont de la « ville » afin de faciliter la communication terrestre dans le pays.
Le malheur des uns, le bonheur des autres

Parallèlement, les carnavaliers de Carrefour ne se préoccupaient pas des problèmes causés par cette activité et s'amusaient follement en dépit des faiblesses organisationnelles enregistrées. Deux DJs dont DJ Constant, deux chars allégoriques, trois groupes (Rèv de Carrefour, Rè de Tipay et Harold Domond), huit bandes à pied, 500 athlètes, des Boys et des Girls Scouts devraient, selon le maire, défiler sous les regards des participants et des curieux. Par endroit, des stands érigés par des particuliers et par certaines maisons de commerce maintenaient le public en haleine. Le maire Yvon Jérôme, escorté de policiers et de ses agents de sécurité rapprochée, prenait la tête du cortège carnavalesque partant du Centre sportif de Carrefour à la Marine haïtienne. Une foule avide de plaisirLa police à travers plusieurs de ses unités était mobilisée pour assurer la sécurité des participants, maintenir l'ordre et faire de cette première édition un exemple en matière de sécurité. Aucun incident majeur n'a été enregistré. La police administrative, secondée par des policiers de l'UDMO et des Garde-Côtes (Marine haïtienne) avait divisé le parcours en huit secteurs. Des sapeurs-pompiers, des secouristes de la Croix-Rouge haïtienne et d'autres professionnels médicaux étaient également remarqués sur le parcours du cortège carnavalesque.
Des deux côtés de la route, la foule, en dépit du manque d'éclairage et de la carence de décibels, était assez compacte et très motivée. A défaut d'ambiance répondant à leur attente, les carnavaliers créaient leur propre animation. Comme on pouvait s'y attendre, les consignes du ministre à la Condition féminine et aux Droits des Femmes n'ont pas été respectées. Lors d'une conférence de presse conjointe avec des DJs et des édiles de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, dont le maire de Carrefour, Madame Lassègue avait souhaité qu'au cours du carnaval de cette année, l'on commence à prôner « une bonne image de la femme. » Les slogans scandés par la foule, dont des femmes, la tenue et les déhanchements des danseuses de DJ Constant étaient visiblement contraires au voeu du ministre.En tout cas, avec de faibles moyens, la mairie de carrefour a prouvé qu'elle pouvait envisager faire quelque chose de grand. Hélas! Toutefois, au regard des problèmes posés par l'organisation du carnaval cette année à Carrefour et à celui des déclarations de son premier citoyen, si les maires de toutes les communes limitrophes à la commune la plus peuplée du pays avaient les mêmes réactions, Carrefour serait tout simplement une commune enclavée, cloisonnée, ou encore coupée du reste du monde.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=53896&PubDate=2008-02-02
Commentaire:
La liberté des uns prend fin là ou commence celle des autres. C’est tout simplement scandaleux ce type d’organisation de ce Carnaval de carrefour qui définitivement pénalise tout le monde.
Le fait n’est pas de ne pas octroyer le droit à chaque commune d’organiser son carnaval sinon de voir ce que rapporte cette festivité à la commune. Je ne suis pas sur que les gens habitant les localités proche de carrefour ont fait le déplacement dans ce « tohu bohu » pour vibrer au milieu de cette insalubrité dégradante.
Il ne faut pas se cacher la face la réalité de la ville de Carrefour aujourd’hui ne rend pas possible un défilé carnavalesque.
Si la Commune de Carrefour veut attirer l’attention qu’elle organise au moment donné de l’année « Les fêtes de Carrefour » en prévoyant des dispositions qui ne pénalisent point les usagers de la route nationale.






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