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jeudi 5 juin 2008

« Y en a marre »: un cri retentissant!...HAITI EN A MARRE!

A l'initiative de plus d'une centaine d'organisations de la société, une foule immense a crié, mercredi 4 juin 2008, son refus du kidnapping et pressé les autorités policières et judiciaires à agir afin de faire échec aux ravisseurs.
Assises sur les parvis de l'église du Sacré-coeur, à Turgeau, quelques femmes portant des t-shirt blanc discutent.
L'une d'elles crache son indignation face au laxisme des autorités policières et judiciaires alors que les kidnappeurs s'attaquent, avec la quiétude, des rois aux femmes et aux enfants sans défense.
Les yeux inondés de larmes, la voix sanglotante, elle se met à la place de la maman du petit Kareem Xavier Gaspard, 16 ans, kidnappé et brutalement assassiné malgré le versement de la rançon exigée.
« Je ne sais pas ce que j'aurais fait. C'est assez », crie-t-elle soudainement avec détermination sous les regards d'un policier faisant partie d'un dispositif de sécurité impressionnant.
Il est 8 heures 25 a.m. et une pluie fine tombe. « Le gens feront le déplacement », dit- elle avec certitude. Ils répondront à l'appel des 119 organisations de la société civile ayant constitué le front du refus au kidnapping, une plate-forme citoyenne visant à pousser les autorités policières et judiciaires à assumer leurs responsabilités, enchaîne-t-elle.

Les minutes s'égrènent et les gens arrivent de partout, habillés de blanc, de noir. Une salve d'applaudissements retentit, un premier frisson traverse la foule.
Entre les embrassades, les salutations, des instigateurs de la marche, entre autres, Arnold Antonin, Ashley Laraque, arrivent sur les lieux. Le temps de donner leurs premières impressions aux journalistes, la marche s'ébranle. Direction : le ministère de la Justice, à l'avenue Charles Sumner. Il est 9 heures passées.
Plusieurs milliers de gens, toutes couches sociales confondues, marchent. Ensemble. L'ambiance, bon enfant, prête à la réflexion, au recueillement.
La marche s'anime par moment avec des applaudissements et des chants religieux. Certains fondent en larmes.
Parmi eux, un ex-kidnappé qui semble revivre les moments tortueux de sa captivité. « J'espère que cette marche servira à quelque chose », lâche-t-il.Ashley Laraque note un certain mépris du mouvement par le ministère de la Justice : « Ils savaient qu'on devait leur remettre un message. C'est seulement une secrétaire qui nous a reçu. » Quelques minutes filent. Et le nombre de participants à la marche augmente.
Le commissariat de Port-au-Prince est la prochaine station.
Cette fois, Michel-Ange Gédéon, commissaire de police de Port-au-Prince, reçoit les émissaires de la marche et promet de ne pas flancher, de redoubler d'effort et de vigilance dans la lutte contre les kidnappeurs.
Entre-temps, au Champ de Mars, à la rue St Honoré, le ton change, la marche se transforme en manif. « Aba sitirans Leta, Aba enpinite, Peine de mort pour les kidnappeurs, Y en a marre. »
Les esprits s'échauffent.
Des centaines d'étudiants de la Faculté d'Ethnologie rejoignent les manifestants. C'est le même message. Le refus de l'incurie des autorités face aux ravisseurs. En face du Palais de Justice, les manifestants réclament l'arrestation des juges ripoux. « La polis arete, jij libere », martèlent des protestataires dégoulinant de sueurs.
Comme au Commissariat de Port-au-Prince, le juge Casimir reçoit le message apporté par Laraque et Antonin. « Nous avons remis notre message à la justice, maintenant nous allons rester vigilant, déclare Arnold Antonin.
La marche est terminée », annonce-t-il. « Ce n'est pas encore fini », disent des manifestants qui se dirigent vers le Palais national, siège de la présidence.
Spontanéité, timing réglé, des milliers de manifestants, à midi, comme des mères qui accouchent crient: «Anmwe», à avoir le souffle coupé. « Le président Préval doit faire quelque chose», clame la foule immense.
« Y en a marre », dit une autre femme.
Comme celle assise en face de l'Eglise du sacré cœur, elle a gueulé sa colère, son refus de l'inacceptable, bref son refus du kidnapping.

Roberson Alphonse

Robenson Geffrard
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=58338&PubDate=2008-06-04