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samedi 4 septembre 2010

Le CEP et la communauté internationale face à l'opposition...La population attend la victoire finale

Nous sommes déjà à moins de trois mois de la tenue des élections générales programmées pour le 28 novembre prochain. Engagement et détermination du côté des conseillers électoraux qui s'activent progressivement. Suspicions et dénonciations dans le camp de l'opposition qui se dit convaincue que ces élections n'auront pas lieu. Tandis que la communauté internationale, principal bailleur, croit le contraire. Les enjeux sont de taille. L'un des importants acteurs dans le processus, les électeurs, quant à eux, semblent rester dans l'expectative. Haïti: Des pressions venues particulièrement de l'opposition politique, l'actuel Conseil électoral provisoire (CEP) présidé par Gaillot Dorsinvil montre clairement qu'il s'en moque jusqu'à présent. Pour preuve, l'institution électorale avance à grands pas dans les préparatifs relatifs à l'organisation du scrutin du 28 novembre 2010. Les candidats à la présidence, malgré une certaine réserve affichée pour certains d'entre eux quant à la crédibilité de ces élections, lui emboîtent progressivement le pas. Ce vendredi, vers 4h30 p.m., ils étaient en effet une dizaine à respecter le délai qui leur a été imparti pour la fourniture d'une photo utilisable pour la maquette du bulletin de vote. Il s'agit, entre autres, de Jacques Édouard Alexis (MPH), Mirlande H. Manigat (RDNP), Yvon Neptune (Ayisyen pou Ayiti), Leslie Voltaire (Plateforme Ansanm nou fò), Charles H. Baker (Respè), Jean Henry Céant (Renmen Ayiti), Michel J. Martelly (Repons peyizan) et Axan Delson Abellard (KNDA).
Les COV à l'oeuvre en province
Parallèlement, les conseillers électoraux s'activent dans les villes de province. En effet, depuis quelques jours, le processus de mise à jour des listes électorales se déroule dans les départements du Centre, du Nord et du Nord-Ouest. « Il y a une grande affluence particulièrement dans le Nord-Ouest », a précisé, jeudi, Richardson Dumel, porte-parole de l'organisme électoral. Ces activités de vérification entreprises à travers les Centres des opérations de vérification (COV), permettent aux électeurs de partager les informations relatives à leur situation géographique actuelle. Selon le CEP, ces opérations faciliteront la tâche à tout électeur qui a changé d'adresse de remplir convenablement son devoir de citoyen le jour du scrutin.
M. Dumel, qui n'était pas en mesure de confirmer si ce processus a déjà débuté également dans le Sud, la Grand'Anse et l'Artibonite, a indiqué cependant qu'une mission composée de conseillers électoraux s'était rendue dans ces départements pour évaluer la situation. Prochainement, une autre mission se rendra aussi dans les Nippes dans le même objectif. Tandis que dans l'Ouest, un travail d'identification des électeurs sera effectué dans les sept (7) plus grands camps de sinistrés de Port-au-Prince. Cette opération démarrera ce 4 septembre, a annoncé le porte-parole.
Structure mise en place par l'organisme électoral pour apporter des solutions relatives aux difficultés rencontrées au niveau des listes électorales (pertes de cartes d'identification nationale, déplacement des électeurs depuis le 12 janvier 2010, etc.), le COV est desservi par une équipe de quatre membres (un président/assistant administrateur, un agent technique du CEP, un représentant de l'Office national d'identification (ONI) et un gestionnaire des listes électorales).

Dorsinvil ne partira qu'après les élections
Réaliser coûte que coûte les élections du 28 novembre 2010. Les conseillers électoraux veulent à tout prix en arriver à ce stade. Pour preuve, Gaillot Dorsinvil refuse catégoriquement l'idée d'abandonner auparavant son poste de président du CEP. Il l'a fait savoir mercredi dernier aux journalistes accrédités à l'institution électorale. « Je me sens confortable là où je suis et ferme à mon poste », a clamé celui qui est pourtant décrié particulièrement dans les milieux politiques pour manque de crédibilité, à l'instar de ses collègues.
M. Dorsinvil ne se laisse pas intimider apparemment par la fureur manifeste de l'opposition politique qui ne cesse d'exiger le renvoi des actuels membres du CEP qui, selon les opposants, n'inspire pas confiance. « Seule la mort est capable de me faire abandonner mon poste. Et dire que je n'y pense même pas encore (...) », a martelé le président de l'institution électorale, annonçant qu'il quittera ce poste une fois que le pays sera doté d'un nouveau président élu le 7 février 2011. Contrairement aux critiques, Gaillot Dorsinvil dit remplir sa fonction en « toute honnêteté ».

Il n'y aura pas d'élection, selon l'opposition
Réagissant aux déclarations de M. Dorsinvil, l'ex-sénateur Andris Riché (Grand'Anse) de l'Organisation du peuple en lutte (OPL), membre de la plateforme Alternative, invite le président du CEP à se rappeler des histoires récentes d'Haïti qualifiées de « tè glise ». Malgré que la machine électorale soit mise en branle, le parlementaire se dit convaincu que les prochaines élections ne pourront pas se tenir à la date fixée par le calendrier électoral.
Le Brésilien Carlos Duarte, directeur du Département des organisations internationales au Ministère brésilien des Affaires étrangères, partage également cet avis. « Il n'est pas certain que les élections auront lieu, même à cette date (...) », se doute le diplomate. Plus direct, M. Riché affirme, à l'instar d'autres opposants que le pays, après avoir fait échec au « plan du pouvoir en place », finira par se doter d'un gouvernement d'«entente nationale ».

Le plus grand bailleur pense le contraire
Contrairement à l'opposition politique, une partie de la communauté internationale qui, quoique inquiète, finance en majeure partie l'organisation des prochaines élections, ne jure que par la tenue de ces joutes. « On peut vous assurer que les élections seront transparentes et crédibles. Ceux qui peuvent et veulent voter pourront le faire », déclare Ricardo Seitenfus, numéro un de l'Organisation des Etats Américains(OEA) en Haïti, dans une interview exclusive au quotidien Le Nouvelliste jeudi dernier.
Impliquée à fond dans ce processus électoral controversé, l'OEA a mis en place justement dans le pays une mission d'observation électorale, dont l'effectif augmente à mesure que la date du grand jour tant attendu approche.

Qu'en est-il de l'électorat?
Mis à part le Chef de l'Etat, les électeurs, dont bon nombre ne détiennent pas encore la Carte d'identification nationale - sans oublier ceux qui avaient égaré ce document -, sont appelés à élire 12 sénateurs et 99 députés pour tout le pays au cours des prochaines joutes. A les entendre à la radio, ils ne se montrent pas trop préoccupés jusqu'ici par ces élections. Beaucoup d'entre eux se comportent plutôt en observateurs à moins de trois mois du jour du scrutin. Même les citoyens - disons mieux certains d'entre eux - qui font la queue à longueur de journée devant le bureau de l'ONI, disent n'en être pas trop intéressés. « Je suis venu réclamer ma carte, parce que c'est un document important », disait récemment un jeune homme dans l'un des reportages du journal au sujet des demandes de CIN.
Plus de sept (7) mois après le séisme du 12 janvier, certains continuent de déclarer dans la presse que leurs principales priorités restent et demeurent l'aide alimentaire et le relogement. L'un des acteurs les plus importants du processus électoral, l'électorat haïtien, est pourtant le seul capable de décider démocratiquement qui sera le remplaçant de René Préval, dont le mandat constitutionnel arrive à terme le 7 février 2011.
Victor Junior Jean
victorjeanjunior@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83214&PubDate=2010-09-03

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