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jeudi 4 août 2016

L’ILLUSIONISME DÉMOCRATIQUE EN DEDANS ET EN DEHORS DU LAND OF FREE

La démocratie se définit en fonction des systèmes et des individus. C’est justement mon approche personnelle de ce concept puisque j’ai fait le choix délibéré se ne pas recourir aux définitions classiques des dictionnaires et des encyclopédies.
Je refuse aussi de faire usage d’une citation quelconque prêtée à ce sujet de peur de ne pas la plaquer sans tenir compte du contexte de sa genèse.
Partant de ce principe on peut admettre que les systèmes démocratiques présentent des variantes dont il faut tenir compte si on se jugeait apte à les jauger ou les qualifier.
J’ai toujours en tête cet épisode de l’histoire cachée d’Haïti révélée sournoisement dans la collection du bicentenaire de notre indépendance par le professeur Jean Julien en rapport avec l’élection de François Duvalier.
D'après le chercheur, François Duvalier aurait appelé aux comices pour renouveler le parlement haïtien. Chaque bulletin de vote portait en bas de page en guise de signature un « François Duvalier Président de la République ». Après le vote, lors de la diffusion des résultats de ces élections législatives, le pays a été surpris par la proclamation de François Duvalier plébiscité comme président de la République avec cent pour cent des votes. A un journaliste français qui lui posa quelques temps après des questions sur cette façon erronée de se faire élire il eut à dire qu’il a été élu démocratiquement à l’haïtienne et qu’il ne fallait pas confondre cette démocratie avec la version occidentale.
Considérée de façon simple et sommaire la démocratie s’oppose à la dictature.
A un moment de la durée, alors que le communisme s’opposait au capitalisme, les américains assuraient la promotion de la démocratie comme le système capable de garantir les libertés. Et cette rhétorique se répandit en Amérique avec la prolifération de dictatures militaires chapeautées et choyées par les américains au nom de cette liberté. La formule paraissait simple : Passer par les dictatures (militaires) pour accéder à la démocratie ensuite. Nous vivions donc l’époque des coups d’état financés ou supportés ou acceptés si et seulement si la menace communiste pouvait être suggérée.
La configuration politique du monde suivait ce même courant avec l’émergence des blocs des pour des contre et des non-alignés.
Avec l’effondrement du bloc soviétique et de la chute du mur de Berlin comme étendard de victoire de la guerre froide ressentie comme celle du « Good over Evil », l’installation progressive de régimes civils en Amérique, la démocratie à l’américaine avait vaincu. Elle pouvait maintenant s’exporter vers l'Afrique ou vers l’orient où les européens font figures de petits bras.
Tout allait bien .Tout va bien. On est la seule grande et première puissance du monde.
Peu de gens s’accordent le temps de regarder ce qui se passe au sein même de la société américaine qui célèbre de grands noms et de grandes avancées. On ne se demande pas pourquoi quelqu’un qui naît Cassius Clay pense à se convertir et se faire appeler Mohamed Ali. Pourquoi on se convertit à l’islam pour retrouver une certaine identité et se retrouver ; pourquoi au lieu de John ou Johnson on se fait appeler Tupac Shakur …
Il a fallu les secousses du 11 septembre pour un semblant de réveil mais là encore l’Amérique est partie en guerre contre ses ennemis de l’extérieur en négligeant ses vieux démons, ses pires ennemis qui sont et qui ont toujours été de l’intérieur.
Leurs nouvelles croisades se sont soldées par l’élimination physique de ces individus étiquetés comme symboles du mal à l’américaine alors qu’ils demeurent aveuglés par leurs incapacités de reconnaître en cette pieuvre multi-céphale à tentacules profondes et nombreuses se reproduisant sous leurs nez.
La réalité de cette société malade mise à une à travers de multiples manifestations est encore faussement interprétée poussée par la volonté immuable du stablishment qui œuvre et qui ne jure que pour perpétuer le statut quo. Quand il laisse transparaître un essai ressemblant à un « jeter du leste », ça correspond plutôt à faire pousser un ou deux arbres ayant la vertu et la mission de plutôt cacher la forêt.
Mais les griffes du système restent aussi acérées prêtes à reprendre le peu de privilège concédé.
Ainsi les batailles restent toujours d’actualité malgré les victoires sournoises et souvent surévaluées.
D’où la nécessité d’un « black lives matter » après Black Power, Malcom X, Martin Luther King et Rosa Parks. Ou la justification d’un « Blue lives matter » malgré un Obama.
Pendant ce temps sur le plan politique il y a de quoi perdre son latin. La plus grande nation du monde avec son bipartisme a récemment aligné des présidents de légende surtout issus dans le camp conservateur avec en tête de liste et le recul, Ronald Reagan ce piètre acteur devenu grand Président et un Bush fils se passant de présentation.
De mon poste d’observateur désintéressé, je ne voudrais pas me lancer dans une évaluation des présidences démocrates ou républicaines. Toujours est-il que les pays développés sont assimilables à un train en marche dans lequel un conducteur monte à bord pour rassurer les gens qui auraient peur de savoir que le contrôle est assuré par un système de pilotage automatique et que le chef d’état fait plutôt office de figurant.
Je ne suis pas sûr qu’un américain puisse établir les différences perçues dans sa vie pendant l’administration Obama et pendant celle de Bush fils.
Le pilotage systématique est représenté par ce stablishment dont l’état d’âme est assujetti à des intérêts très puissants.
A force de ne pas voir en intramuros, l’Amérique est entrain d’offrir au monde un spectacle hideux, et affolant pour certain dans ces élections mettant face à face deux candidats impopulaires issus de deux partis politiques qui ne répondent plus à la réalité du pays.
Le parti Républicain, une institution détentrice d’une certaine vision des USA, s’est fait démembré par un individu digne des shows de téléréalité dont le seul mérité est d’être considéré comme quelqu’un d’important là où l’importance se calcule en millions de dollars.
Les choses ne sont pas plus nettes dans l’autre camp qui a ouvert son show avec l’étalage de pratiques douteuses ayant porté préjudice à un candidat qui semblait vouloir se dresser contre le stablishment et le statu quo. Résultat des courses le choix se porte sur Clinton tandis que la fraction représentée par l’autre candidat à l’investiture du parti refuse de reverser les votes dans l’escarcelle de la fille cooptée par le système.
En fin de compte, les américains ont eu droit à deux semaines de shows grandioses du style NBA All-Star Game ou Super Ball pendant lesquels les deux camps se sont arrangés les uns par le franc parler conservateur les autres par la bonhommie caractéristique des beau parleurs pour laisser comme tache à l’opinion publique de déterminer lequel des deux candidats serait le moins pire.
Ce que je n’ai su que ce matin c’est qu’il existe un troisième candidat sérieux marginalisé comme une fatalité par la polarisation abusive de l’activité politique à qui un sondage aurait attribué 12% des intentions de vote. Devant tout ça, au moment où le monde devient de moins en moins sécurisé avec la montée en puissance d’inadaptés et de non intégrés qui ont perdu même l’instinct de conservation, quand on considère que l’un des deux sera à la tête de la plus grande puissance de la terre, il est logique de perdre son optimisme et de se dire que la démocratie à l’américaine longtemps présentée comme l’objectif à atteindre s’est transformée en illusionnisme démocratique.
Et que le très haut ait pitié des terriens !
Jonas Jolivert 04/08/2016

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