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mardi 16 août 2016

28%? PAS SI MAL!

« Comme un coup de tonnerre dans un ciel serein » la nouvelle est tombée : il y a un vrai problème dans le système éducatif haïtien. Tout le monde le savait. Les vrais éducateurs n’ont jamais cessé d’en parler et de tirer la sonnette d’alarme. Mais la vie continuait. Le problème alimentait des débats intentionnés, intéressants et rangés mais sans jamais dégager une volonté officielle ou sectorielle pour apporter une vraie solution à un problème qui conduira irrémédiablement à la disparition du pays.
Haïti a perdu plusieurs batailles depuis la tentative de sa création il y a deux siècles. Depuis quelques années en Haïti il n’y a plus d’éducation supérieure. L’université d’état d’Haïti, un temps fermée élitiste et exclusive est restée unique, ouverte et démocratique a perdu son superbe par un processus de nivellement par le bas, corollaire de cette ouverture au peuple. Aujourd’hui plus de 25.000 bacheliers dépensent près de 9.000.000 d’euros par an, dans les universités de la République Dominicaine.
Après la bataille des infrastructures, après la bataille de l’alimentation, après la bataille de l’éducation supérieure, toutes des batailles perdues, nous voilà sur le point de perdre celle du niveau secondaire. Les conséquences sont toujours les mêmes. L’exclusion, l'hypothèque systématique de l’avenir, touchent toujours les mêmes. Et ceci, dans l’aveuglement candide de ceux qui ont cru à un moment donné être le centre de la préoccupation d’une frange du secteur politique.
La nouvelle est donc tombée. Les résultats des examens de fin d’études secondaires sont sans équivoque et sans appel surtout pour le département de l’ouest qui regroupe à lui seul la grande majorité des écoles du pays : 28% de réussite et plus de 45.000 jeunes éliminés.
Les autorités actuelles auront eu le mérite de ne pas cacher le soleil avec un doigt en soumettant des épreuves non revues à la baisse pour ne pas les placer au niveau réel des élèves. En dehors de l’écho de certains bacheliers échoués qui se demandent quel chemin emprunté, il n’y a que quelques-uns des vrais éducateurs qui semblent concernés et voient encore une fois la magnitude colossale d’un problème qui ne provoque indignation, ni soulèvement, ni engagement.
Il n’y a que les projets des responsables haïtiens et de ceux de a société civile qui ne contemplent pas un système éducatif fort et en accord avec les besoins de développement du pays.
Haïti restera la nation des résilients par excellence. Nous venons de montrer que l’on peut vivre sans médecin et sans hôpital comme on peut survivre aussi dans un environnement insalubre.
Haïti survivra aussi comme une nation avec une jeunesse éduquée en Haïti et pour Haïti
28% de réussite aux examens de fin d’études secondaires ce n’est pas une catastrophe capable d’intéresser les médias ou d’interpeller les pouvoirs publics.
La passivité avec laquelle cette tragédie est acceptée et intégrée comme une autre fatalité explique pourquoi le bal continue entre les victimes et les bourreaux tandis que les vrais responsables s’affairent ailleurs là où il existe encore des parts à prendre.
Qui plus est, les responsables ne sont pas trop concernés. Il suffit de demander aux membres du gouvernement ou se trouvent leurs enfants pour comprendre ce que veut dire diriger un pays dans lequel on y croit pas du tout. L’élite bourgeoise avait assumé ce choix depuis bien longtemps.
On observe ces jeunes qui pleurent et ces parents qui lèvent les bras au ciel. Après des années de sacrifices, leurs efforts ont été bafoués avec la complicité des responsables et la duplicité des chercheurs d’or dans le désert des besoins qui ont compris qu’il fallait créer des établissements scolaires du style Collège Pratique Julius Joxibrin !
Devant cette catastrophe dont les médias en parlent peu, il n’y a pas réellement de victimes sinon des coupables et des complices.
On est coupable.
On est complice mais jamais victime !